Logement étudiant : où se loger sans exploser son budget
- Naila Khelifi
- 22 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 oct.

© Spech / Shutterstock- Écrit par Naila Khelifi- Publié le 22 mai 2025
Loyers en hausse, disparités territoriales, offre publique saturée… À l’approche de l’été, des milliers d’étudiants peinent à trouver un toit pour la rentrée.
Où trouver un studio sans se ruiner ? Alors que se loger devient un casse-tête pour les étudiants, L’Étudiant publie un baromètre qui fait le tri entre les villes où les étudiants peuvent encore espérer se loger sans y laisser leur budget.
Des loyers en hausse constante, surtout dans les grandes villes
En 2025, le logement est plus que jamais le premier poste de dépenses des étudiants. Le loyer médian pour un studio s’élève à 453 € par mois, contre 383 € en 2016. Soit une augmentation de 18 % en moins de dix ans. Une inflation qui frappe d’autant plus durement une population aux revenus déjà très contraints.
Dans certaines métropoles, les chiffres donnent le vertige :
Paris dépasse les 800 € en moyenne,
Bordeaux, Nice ou Annecy flirtent avec les 600 €,
Strasbourg ou Lyon deviennent également difficilement abordables.
Ces montants pèsent lourd sur des budgets souvent serrés. Nombre d’étudiants doivent cumuler les heures de cours, un emploi et parfois une bourse pour tenir le coup. Pour beaucoup, se loger relève aujourd’hui du parcours du combattant.
Le logement social ne suit plus
Le Crous, censé représenter le pilier du logement étudiant social, ne parvient plus à répondre à la demande. En 2023-2024, on compte seulement 6 lits pour 100 étudiants, alors que 33 % d’entre eux sont boursiers. Résultat : même les profils prioritaires peinent à obtenir une place.
En 2021-2022, 174 000 places en résidences étaient disponibles pour 728 000 boursiers. D’après la Fondation pour le Logement, seuls 25 % des boursiers et 6 % de l’ensemble des étudiants peuvent être logés par le Crous. Le reste doit se rabattre sur le marché locatif privé, plus cher, plus exigeant, et parfois excluant.
Ce constat est largement partagé par les experts. Pour le Sénat, l’offre de logement universitaire est "structurellement insuffisante". Et selon l’association Aires 27, 250 000 logements manqueraient pour répondre à la demande.
Une précarité étudiante renforcée
Les freins sont multiples :
des ressources limitées,
une mobilité fréquente (liée aux stages ou aux changements de ville),
et une attractivité perçue comme faible par les bailleurs.
Cette précarité structurelle a été aggravée par des décisions politiques récentes. La baisse des APL, entamée en 2017, a eu des effets en cascade : "Ce sont les bailleurs sociaux qui ont subi la coupe. Cela a affaibli leurs fonds propres, les empêchant d'investir et donc de créer du logement", déplore Renaud Payre, vice-président de la métropole de Lyon en charge du logement.
La Fondation pour le logement des défavorisés dénonce un "abandon des étudiants et de la jeunesse mal logée". Pour elle, les classes populaires et moyennes sont aujourd’hui les grandes oubliées des politiques du logement.
Des écarts territoriaux de plus en plus marqués
Le baromètre de L’Étudiant souligne des disparités géographiques toujours plus nettes :
Dans des villes comme Limoges, Le Mans, Grenoble ou Le Havre, les loyers restent sous les 400 € et le parc public est légèrement plus fourni.
À l’inverse, à Paris, Lyon, Nice, La Rochelle ou Annecy, les loyers explosent, la pression touristique aggrave la pénurie, et l’accès au logement devient un casse-tête.
Dans ces zones, certains étudiants vont jusqu’à repousser leur rentrée, rallonger leurs trajets quotidiens ou même renoncer à certaines formations.
Associations mobilisées, réponse politique en retrait
Face à l’urgence, des structures comme Cop1 – Solidarités Étudiantes se mobilisent : aides alimentaires, accompagnement dans les démarches, mise en relation pour le logement… Mais ces solutions de terrain restent palliatives.
En l’absence d’un plan national ambitieux, les acteurs associatifs peinent à faire le poids. Il manque des moyens publics, des résidences neuves, un encadrement du privé, et une révision des critères d’attribution trop restrictifs.
Une crise qui menace l’égalité des chances
En 2025, le mal-logement étudiant n’est plus un accident de parcours, mais le reflet d’un système défaillant. Il illustre une fracture sociale profonde entre ceux qui peuvent s’appuyer sur des soutiens familiaux, et les autres.
Sans mesures fortes, le risque est clair : une génération surendettée, fragilisée, contrainte de revoir ses ambitions.
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