DPE : Faut-il assouplir les normes énergétiques pour relancer la construction de logements neufs ?
- Naila Khelifi
- 1 juil.
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Dernière mise à jour : 3 oct.

© David Brauman fondateur Brauman&K - Écrit par Naila Khelifi- Publié le 1er Juillet 2025
Alors que la France fait face à une pénurie de logements, David Brauman, fondateur de Brauman & K, soulève la question d’un assouplissement temporaire des exigences liées au DPE.
Trois lettres avec beaucoup de poids. Le DPE, ou diagnostic de performance énergétique, est devenu un marqueur central des politiques du logement durable.
Si cette exigence s’inscrit dans les objectifs de transition écologique, elle contribue aussi à alourdir les coûts de construction et à ralentir la production, dans un contexte où la France peine à répondre à la demande. Faut-il alors envisager un assouplissement ciblé des exigences énergétiques pour relancer la construction ? C’est la question que pose David Brauman, fondateur de Brauman&K.
Une ambition écologique qui pèse lourd
« L’urgence est de relancer la machine », martèle David Brauman. Depuis la loi Climat & Résilience, la lutte contre les logements énergivores s’est durcie, avec une interdiction progressive de mise en location pour les biens classés E, F ou G. Et dans le neuf, viser une étiquette A ou B est désormais la norme.
Mais sur le terrain, cette ambition se heurte à des réalités économiques complexes.« Les normes restent indispensables face aux enjeux climatiques, mais nous devons aussi tenir compte de la capacité des acteurs à produire des logements accessibles », souligne David Brauman.
Selon lui, « construire du C ou du D, ce n’est pas construire mal, c’est construire plus ». Et pour l'expert en investissement immobilier, « il faut retrouver un équilibre entre ambition écologique et réalité économique ».Pour cela, il propose une voie intermédiaire : autoriser temporairement la construction de logements neufs classés C ou D, tout en maintenant un socle de performance environnementale solide.
Une offre à repenser pour faciliter l’accession
Le logement neuf reste synonyme de qualité : conformité aux dernières normes, économies d’énergie, confort moderne, frais de notaire réduits.« Pourtant, il est de plus en plus difficile d’y accéder », regrette David Brauman. La réglementation environnementale (RE2020, bientôt RE2025) impose des contraintes techniques qui renchérissent fortement les coûts de construction, et donc les prix à l’achat.
« Aujourd’hui, l’accession repose trop souvent sur des dispositifs publics comme le prêt à taux zéro. Si l’on propose une offre un peu moins exigeante mais beaucoup plus abordable, cela permettrait à de nombreux ménages de devenir propriétaires », estime David Brauman.
Il y voit un levier économique vertueux : plus de ventes, donc plus de TVA pour l’État, et une reprise d’activité pour les promoteurs.
Un ajustement possible dans un cadre maîtrisé
La proposition s’inscrit dans une réflexion plus large portée par les pouvoirs publics. La mission confiée à François Pérol sur le choc d’offre, ou encore la proposition de loi Huwart sur la simplification du droit de l’urbanisme, témoignent d’une volonté d’adapter les normes à la réalité du terrain.
Dans ce contexte, assouplir ponctuellement les exigences du DPE dans le neuf pourrait constituer un levier complémentaire, à condition que cet ajustement soit encadré.
Il ne s’agirait pas de renoncer aux objectifs climatiques, mais de permettre aux acteurs du secteur de relancer des projets aujourd’hui gelés faute de viabilité économique.
Un équilibre entre urgence sociale et transition écologique
Face à la tension sur le marché du logement, repenser temporairement le niveau d’exigence énergétique dans le neuf apparaît comme une piste pragmatique.
Pour David Brauman, il s’agirait de construire des logements toujours performants — bien supérieurs à ceux du parc ancien — mais à un coût maîtrisé. « Redonner de la marge de manœuvre aux promoteurs, c’est permettre une réponse plus rapide et plus massive à la demande. L’enjeu est autant social qu’environnemental », conclut David Brauman.
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