DPE : vers une carte professionnelle pour les diagnostiqueurs ?
- Naila Khelifi
- 5 juin
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Dernière mise à jour : 3 oct.

©Shutterstock - Écrit par Naila Khelifi et AFP. Publié le 5 juin 2025
Obligatoire pour vendre ou louer un logement, le DPE attribue une étiquette allant de A à G selon la performance thermique du bien. Mais sa fiabilité continue de faire débat.
Trop d’erreurs, trop de flou, trop d’enjeux... Le diagnostic de performance énergétique (DPE), accusé de manquer de fiabilité, est de nouveau dans le viseur. Dans un rapport publié mardi 4 juin, la Cour des comptes recommande de mieux encadrer la profession de diagnostiqueur, notamment via une carte professionnelle.
Un outil clé, mais encore fragile
C’est l’un des piliers de la politique de rénovation énergétique. Et pourtant, le DPE fait toujours débat. Obligatoire pour vendre ou louer un logement, ce diagnostic attribue une étiquette allant de A à G selon la performance thermique du bien. Une note qui peut peser lourd sur le prix ou la mise en location.
Mais selon la Cour des comptes, cet outil reste encore trop perfectible. Mesures inexactes, méthodes disparates, absence de contrôle : “le DPE est utile, mais il doit être exemplaire”, a insisté Pierre Moscovici, président de la Cour, lors d’une conférence de presse. Certaines avancées ont été saluées – comme la réforme de juillet 2024 et la nouvelle certification des diagnostiqueurs – mais elles ne suffisent pas à lever toutes les zones d’ombre.
Un secteur à mieux encadrer
En ligne de mire : la formation, la certification… et les liens parfois troubles entre les deux. La Cour des comptes pointe une “endogamie” persistante dans la filière. Trop souvent, organismes de formation et de certification sont liés financièrement ou structurellement. Des “conflits d’intérêts potentiels” qui fragilisent la crédibilité des diagnostics.
Pour y remédier, les Sages de la rue Cambon formulent plusieurs recommandations : séparer clairement les fonctions de formation et de certification, interdire à un auditeur d’intervenir dans une zone où il aurait exercé auparavant, et surtout créer une carte professionnelle pour les diagnostiqueurs d’ici 2026.
Un encadrement renforcé jugé indispensable, alors même que les cas de fraudes caractérisées restent “marginaux”, selon la répression des fraudes (DGCCRF). L’enjeu est autant symbolique qu’opérationnel : restaurer la confiance dans un dispositif qui influence désormais la valeur patrimoniale des biens.
Des effets en chaîne sur le marché
Car derrière le DPE, c’est tout un pan du marché immobilier qui vacille. L’interdiction progressive de louer les logements classés F et G – les fameuses “passoires énergétiques” – repose intégralement sur ce diagnostic. Et la Cour s’inquiète : “cette interdiction n’a pas suffisamment anticipé les difficultés des particuliers à s’y conformer”, alerte le rapport.
En mars, la ministre du Logement Valérie Létard avait déjà présenté dix mesures pour fiabiliser le DPE. Des pistes globalement alignées avec les recommandations de la Cour. Mais selon Pierre Moscovici, il manque encore une chose : une évaluation concrète de l’impact de cette mesure sur le marché locatif. Pour l’instant, aucune n’a été engagée.
La fiabilité du DPE ne relève plus seulement de la technique. C’est une question de justice, de régulation, de visibilité pour les propriétaires comme pour les locataires. En appelant à structurer davantage la filière, la Cour des comptes souligne un enjeu majeur de la transition énergétique : faire reposer des objectifs ambitieux sur des outils solides.






















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