Quand l’instabilité politique bouscule les projets immobiliers des Français

©Montage photo/capture d'écran/ Publié le 9 décembre 2025- écrit par Naila Khelifi

Le climat politique fragilise la confiance et pèse sur les projets immobiliers des Français. Malgré les incertitudes, l’envie d’acheter ou d’investir demeure, avec une prudence nouvelle.

Huit Français sur dix estiment que l’instabilité politique pourrait affecter leurs projets immobiliers. Une inquiétude désormais intégrée dans leurs arbitrages.

Selon une enquête OpinionWay pour Capifrance parue le 4 décembre, les tensions politiques et économiques influencent nettement la manière dont les ménages envisagent l’immobilier. Entre baisse de confiance, difficultés d’accès au crédit et marché encore fragile, les Français continuent pourtant de formuler des intentions de projets, surtout chez les plus jeunes. L’étude dresse un état des lieux lucide d’un marché sous vigilance.

Un climat politique qui altère la confiance

Depuis plusieurs mois, le contexte politique et économique évolue de façon rapide. L’enquête révèle que 88 % des Français se disent pessimistes concernant la situation nationale et 84 % à propos de l’économie. Les moins de 35 ans se montrent un peu plus confiants, mais la tendance générale reste marquée par le doute.

Cette perception a des effets concrets : près de sept Français sur dix doutent de leur capacité à investir. Les femmes, les locataires et les habitants des zones rurales expriment davantage ces réserves. La capacité à emprunter, épargner ou simplement envisager un achat semble aujourd’hui plus difficile à projeter.

Un marché immobilier perçu comme fragile

Le marché immobilier, déjà en ralentissement ces dernières années, apparaît sensible aux variations du contexte politique. Selon l’étude, 85 % des Français anticipent un impact négatif sur les transactions. En Île-de-France, cette perception est encore plus répandue.

Les inquiétudes portent principalement sur les taux d’intérêt, l’accès au crédit et les contraintes réglementaires, notamment énergétiques. À l’échelle locale, six Français sur dix se déclarent pessimistes pour l’évolution du marché dans leur région ou leur ville. Le manque d’offres, les exigences techniques et la difficulté à lire les orientations politiques alimentent cette prudence.

Des intentions de projets qui demeurent

Malgré ces freins, quatre Français sur dix déclarent avoir un projet immobilier dans les deux ans. Les intentions concernent l’achat, la vente, la location ou la mise en location. Les 18–34 ans restent les plus nombreux à envisager un achat à court terme.

La probabilité de concrétisation est estimée en moyenne à 6,2 sur 10. Les conditions jugées nécessaires pour avancer sont identifiées : évolution des prix, baisse des taux, amélioration de la situation économique, hausse de l’offre disponible et accès facilité au crédit. Une stabilisation politique apparaît également comme un facteur déterminant.

Des attentes précises envers les pouvoirs publics

Les répondants formulent plusieurs demandes pour rendre le marché plus accessible. La protection des propriétaires face aux occupations illégales arrive en tête. Viennent ensuite la réduction des frais de transaction, l’allégement de la fiscalité, la lutte contre les logements vacants ou encore le renforcement des aides à la rénovation énergétique.

Pour Capifrance, ces résultats soulignent l’importance d’un accompagnement de proximité. Dans un contexte changeant, le rôle du conseiller immobilier consiste à apporter des repères, clarifier les dispositifs et aider les ménages à sécuriser leurs décisions.

Un marché en attente de visibilité

L’étude décrit un marché en recherche de stabilité, où les Français expriment à la fois des hésitations et une volonté de poursuivre leurs projets. L’immobilier reste un élément structurant des parcours de vie, mais les conditions pour se lancer sont aujourd’hui plus dépendantes du contexte politique et économique.

L’instabilité actuelle ne bloque pas tous les projets, mais elle complexifie leur préparation. Les ménages avancent avec prudence, en attendant davantage de lisibilité pour envisager l’avenir avec plus de sécurité.